Miel de Corse – Mele di Corsica
Son terroir :
La typicité du miel de Corse s’exprime grâce à son terroir particulier qui trouve ses sources dans une végétation spécifique : sauvage, naturelle, endémique. Il se décline en une gamme variétale, selon la saison, la situation géographique et l’altitude où il a été récolté.
Elle s’agrège de façon originale à une abeille d’écotype corse (Apis mellifica mellifica) pour donner des miels aux goûts différents. Elle s’est adaptée aux conditions climatiques et géographiques de l’île et peut butiner et récolter toute l’année la variété des nectars que lui offre le maquis. Dans ce climat exceptionnel, il pousse 2800 espèces de plantes et de fleurs dont 127 n’existent qu’en Corse.
Aujourd’hui le savoir-faire perpétué et amélioré par les apiculteurs allie technicité et adaptation au terroir.
Son origine :
Le miel et l’Apiculture ont toujours été présents dans l’histoire de la Corse.
Dès l’antiquité, grecs et romains y font référence. L’île paiera même des tributs en cire et en miel à ses envahisseurs. Pratiquement toutes les familles possédaient des ruches, certaines étaient implantées dans les murs mêmes des maisons d’habitation.
Les ruchers traditionnels « arnaghji » sont présents dès Préhistoire, ils sont en troncs couchés (de liège ou de châtaignier).
L’apiculture devient une importante activité économique autour du miel et de la cire.
Des vestiges d’importance ont été localisés sur la commune de Venaco : un mur-rucher qui existait dès 1840. De nombreux noms de lieux font également référence aux abeilles.
A des périodes de grand dynamisme succède une phase de récession due aux différentes guerres, à l’assainissement des plaines au DDT et à une épidémie d’acariose*.
Au sortir de la 2ème guerre mondiale, l’apiculture est quasiment oubliée sauf dans quelques villages à tradition apicole forte : Quenza, Bastelica, Belgodère, Moltifau et Castifau.
A partir de 1976, des apiculteurs construisent un plan de développement de la filière.
Aujourd’hui, l’apiculture constitue à nouveau l’activité principale pour une majorité d’exploitants producteurs.
*Maladie provoquée par parasite interne qui vit dans le système respiratoire de l’abeille
Fin des années 70 et début des années 80 :
En 1982 est pris un arrêté interdisant « l’introduction en Corse de reines d’abeilles, de colonies et de matériel apicoles en provenance de France continentale ».
En1991, création du Syndicat régional de défense et de promotion de la qualité du miel corse.
En 1993 Philippe Orsoni-Buisset qui fédère les apicultueurs, dépose un dossier de demande à l’Institut National des Appellations d’Origine(INAO).
Le 30 janvier 1998, l’AOC « Miel de Corse – Mele di Corsica » est obtenu par décret. Le syndicat porte alors le nom de Syndicat AOC « Miel de Corse – Mele di Corsica ».
En 2000, l’AOP (Appellation d’Origine Protégée) a été obtenue, la protection est désormais européenne.
Pour bénéficier de l’ AOP le miel doit avoir :
(sauf pour le miel de Châtaignier inférieure à 19%) ;
(sauf pour le miel de Maquis de Printemps teneur autorisée en HMF à 12 mg/kg)
Elle varie de 250 à 300 tonnes par an, elle dépend fortement des conditions climatiques et de l’environnement. Les quantités produites, le goût ou la couleur peuvent donc sensiblement varier selon la gamme variétale.
Aire géographique : 900 000 ha
La Production
Mais, c‘est quoi le miel ?
Le miel est une substance produite par les abeilles d’écotype corse. Il est obtenu à partir du nectar des fleurs ou de la sève des plantes que les abeilles butinent, transforment, combinent avec des matières spécifiques propres, emmagasinent et laissent mûrir dans les rayons de la ruche. Cette substance peut être fluide, épaisse ou cristallisée.
Quel est le processus ?
Le nectar ou le miellat sont des substances liquides sucrés composés essentiellement de saccharose dissous dans de l’eau à une concentration variant entre 5 et 25%, que les abeilles prélèvent par aspiration avec leur langue et qu’elles emmagasinent dans leur jabot en y ajoutant de la salive contenant une enzyme (la gluco-invertase) qui transforme le saccharose en deux molécules de sucres simples : le fructose et le glucose.
Dans le même temps elles abaissent déjà un peu la teneur en eau de la substance sucrée. De retour à la ruche, ces abeilles transmettent leur récolte à des abeilles ouvrières qui vont, par régurgitations successives d’une abeille à une autre, compléter et terminer la transformation, avant d’aller déposer ce liquide dans les alvéoles de cire d’un rayon. léchée et remisée ainsi plusieurs fois de suite, la solution sucrée, qui ne contient plus que des sucres simples mais avec encore 50% d’eau, va encore subir une nouvelle concentration par évaporation qui : sous la double influence de la chaleur qui règne dans la ruche (entre 36 et 37° C) et la ventilation assurée par les abeilles ventileuses qui en créant un puissant courant d’air ascendant dans la ruche, obtiennent ainsi au bout de quelques jours une solution ne contenant plus, en moyenne, que 18% d’eau et près de 80% de fructose et glucose, devenue tout simplement du miel, qui est alors stocké par les abeilles dans les cellules des rayons de la ruche, cellules qui, une fois remplies, sont operculées par un mince couche de cire afin qu’il se conserve parfaitement et c’est ce même miel que vous consommez après sa récolte.
Une abeille doit butiner environ 150 fleurs pour faire son plein de 2 centigrammes de nectar et qu’une butineuse effectue, en moyenne, 25 voyages journaliers d’environ 1 kilomètre chacun.
Les ruches doivent être maintenues en bon état et les cires renouvelées régulièrement. La cire utilisée pour les cadres est de la cire pure d’abeilles.
L’enfumage des ruches se fait avec des combustibles naturels (aiguilles de pins, feuilles d’eucalyptus, romarin etc.). Les répulsifs chimiques sont interdits.
Le nourrissement des abeilles est interdit quinze jours avant la miellée et jusqu’à la récolte de miel.
La Récolte
La récolte s'opère à la fin de la floraison de la plante qui caractérisera le miel. La récolte doit se faire sur des rayons operculés. Le miel doit être récolté à bonne maturité, les cadres récoltés doivent être exempts de jeunes larves.
Les étapes de la récolte sont l'enfumage des abeilles, le décollage et le brossage des cadres, puis le transport dans jusqu'à la miellerie.
L’extraction et le Conditionnement
Désoperculer : consiste à enlever la pellicule de cire qui bouche les alvéoles remplies de miel. L'opération se réalise avec un couteau à désoperculer en tranchant la couche de cire de bas en haut.
Extraction du miel à froid : l’extraction se fait par centrifugation à froid. Il s'agit d'une cuve où l'on dispose sur un bras quelques cadres désoperculés. Ensuite une manivelle fait tourner les cadres et par le biais de la force centrifuge les gouttes de miel sont projetées sur les parois.
Filtrage du miel : à la sortie de l'extracteur, le miel contient des impuretés. C'est une grille à double filtre qui va retirer diverses particules de propolis, de cire, d'opercules, de pattes d'abeilles ou de pollen.
Maturation du miel : une fois filtré, le miel doit encore reposer 4 à 5 jours à une température de 20°C minimum pour faire remonter en écume l'ensemble des dernières impuretés qui sera retirée.
La pratique de la cristallisation dirigée est autorisée pour assurer la finesse du miel.
La pasteurisation est interdite.
Conditionnement du miel : mis en pot avec une capsule qui assure l'étanchéité et une étiquette avec les mentions légales.
Goût et Texture
Les miels de Corse AOP offrent une grande diversité d'arômes et de saveurs, des plus doux aux plus amers, tantôt délicats, tantôt persistants. C’est donc l’originalité de cette gamme de 6 miels.
Pour obtenir ces variétés, les apiculteurs déplacent leurs abeilles au fil des saisons ; des clémentiniers de la mer aux châtaigniers des montagnes en passant par le maquis sauvage et en suivant les floraisons complexes et variées de Corse.
Miel de Printemps : est clair, au goût fruité, floral et sans acidité, avec une odeur faible de végétal, de fruits et de fleurs.
Il est récolté d’avril à mai sur le littoral, en plaine ou dans les vergers des basses vallées. Il est composé d’associations florales typiques de début de printemps : asphodèles, saules, lotiers littoraux etc. ou de clémentiniers, mimosas, églantiers etc.
Miel Maquis de Printemps : est ambré, au goût de caramel, cacao et sans amertume ni acidité, avec une odeur de fleurs et de réglisse.
Il est récolté au printemps d’avril à mai dans le maquis, de la mer à la montagne. On y retrouve toute les variétés des fleurs du maquis comme la bruyère blanche, la lavande maritime, et le genêt.
Miel Miellat du Maquis : est foncé, au goût intense, malté, de fruit sec, de caramel et de réglisse, avec une odeur végétale, boisée et animale.
Il est récolté de mai à septembre sur le littoral, les bois et le maquis. Les fleurs butinées dominantes sont les cistes, les calicotomes et pour les arbres, les chênes, les eucalyptus.
Miel de Maquis d’Eté : est très clair, au goût aromatique équilibré floral – fruité, assez sucré et sans acidité ni amertume, avec une faible odeur végétale.
Il est récolté de juin à juillet dans les hautes vallées corses. C’est un miel rare composé d’Anthyllis, d’immortelles, de thym corse, de ronces, et germandrées.
Miel de Chataigneraie : est ambré, tannique, son goût est long en bouche, dégageant une légère amertume, peu sucré avec des arômes de pomme, avec une odeur de boisée.
Il est récolté de juin à juillet en moyenne montagne. Le châtaignier est associé aux sous-bois environnants : ronces, clématites, anthyllis, genêts, nepita etc.
Miel d’Automne : est ambré clair, son goût est fort et amer, avec une odeur boisée, de marc de café et d’écorce qui le caractérise.
Il est récolté d’octobre à novembre sur le littoral et la montagne. Il se compose essentiellement d’arbousier, de lierre, de salsepareille, de l’inule visqueuse, etc.
Vertus
Cicatrisant et antibiotique
Le miel est reconnu comme un produit efficient dans la cicatrisation des plaies, il a un rôle antibactérien. Depuis l’antiquité, il est utilisé par les thérapeutes...Durant la Première et la Seconde guerre mondiale, le miel était encore utilisé pour accélérer la cicatrisation, puis l’arrivée des antibiotiques à relégué, pour un temps, le miel aux étagères de la cuisine.
En 1984, le professeur Bernard Descottes, chef du service de chirurgie viscérale et transplantation du C.H.U de Limoges, introduit le miel de manière courante pour traiter les plaies en milieu hospitalier. Des études comparatives ont montrées que le miel avait un excellent pouvoir soignant, nettement supérieur aux produits classiques utilisés dans les hôpitaux.
Adoucissant et désinfectant
Le miel est recommandé dans les états de fatigue, anémie, anorexie et nervosité. Le miel combat la toux, la bronchite et la laryngite. Dans certains services hospitaliers, on utilise du miel de thym en cataplasme pour accélérer la cicatrisation des escarres.
Circulatoire
Le miel de châtaignier est un stimulant de la circulation sanguine.
Désinfectant
Le miel d’eucalyptus est un antiseptique des voies respiratoires et urinaires.
Facilite le sommeil
Avec une infusion de tilleul ajouter une cuillerée à café de miel de tilleul.
Pour les enfants, du miel d’oranger dans du lait chaud avec de l’eau de fleur d’oranger.
Maux de gorge
Dans une infusion de thym, diluer 2 cuillerées à café de miel de thym (ou eucalyptus, sapin, lavande) et une cuillerée à soupe de jus de citron. Se gargariser la gorge avec la moitié de la préparation (bien chaude) et boire le reste. On peut aussi consommer des pastilles au miel ou encore mâcher des petits morceaux de miel en brèche (miel avec sa cire).
En usage interne, le miel agit lentement, de façon homéopathique, il faut le consommer régulièrement.
Comme tout produit vivant, le miel est fragile. Bien qu’il puisse se conserver indéfiniment, il perd de ses vitamines et de ses propriétés en vieillissant et à la chaleur. Il faut éviter de le garder plus de 2 ans. Sa température idéale de conservation est entre 4 et 12 °C.